Chambre d'Ascagne

Nombre de messages : 80 Date d'inscription : 05/02/2007

La dénommé Manon montra le chemin à Ascagne menant à sa chambre. Elle lui ouvrit la porte. Avant qu'elle ne s'en retourne, Ascagne la gratifia d'un merci.

La chambre était ni trop grande ni trop petite. Juste ce qu'il fallait. Sur une console de thuya, ainsi qu'en jugea Ascagne de part son marron virant au noir, était un bouquet de fleurs dans un vase de cristal. Du myosotis. Un lit à baldaquin faiblement éclairé par deux bougies de part et d'autre se présentait au Lombard.

Dans un coin, étaient posés les affaires que Raoul avait montées comme le lui avait précédemment demandé Ascagne. Celles-ci ne se composaient que d'une chemise ainsi que deux paires de braies de rechange. Le domestique avait également porté de quoi écrire et quelques feuilles de papier qu'il avait soigneusement posé sur l'écritoire.

La fatigue commençait à se faire voir chez Ascagne. La journée avait été rude. Ascagne ôta ses vêtements et ne prit pas la peine de les arranger sur une chaise. Nu, il s'enfila sous les couvertures et s'endormit, l'épée au côté.

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Ascagne se leva aux premières lueurs de l'aube. D'un coup sec, il tira les deux rideaux barrant la fenêtre. Dehors, les jardins étaient vides et une légère couche de brume les enveloppait dans son manteau argenté. Se retournant, Ascagne apercut alors une porte à l'autre bout de la pièce. Porte qu'il n'avait pas vu la veille; ou plutôt qu'il n'avait pas pris la peine de voir. Il l'ouvrit et découvrit avec son plus grand étonnement une salle de bain. Une grande cuve y trônait. La jeune Manon devait l'avoir remplie pas plus d'une demie heure auparavant car l'eau était encore chaude.

Ah ! dit Ascagne d'un ton très joviale, je vais pouvoir me décrasser un peu.

Il pénétra dans l'eau. Sur un rebord de la baignoire était un racloir de cuivre. Ascagne le saisit et le fit promener le long de son torse afin d'en enlever la crasse des jours passés. Propre, il sortit et s'habilla hâtivement. Il sortit de sa chambre et descendit. Bruce et Cyberlady dormaient sans doute encore. Tant pis. Il chercherait les cuisines en quête d'un petit quelque chose à se mettre dans l'estomac.

Les événements de hier lui faisaient encore mal mais il devait oublier maintenant.

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L'après-midi était déjà fort avancé quand Ascagne émergea enfin. Il avait veillé très tard et ne s'était pas réveillé si tôt. Après une rapide toilette, il s'habilla et descendit. Tout était silencieux.

Tiens, se dit-il, les maîtres devraient jà être debout.

Seul Raoul était afféré dans le hall. Ascagne lui demanda:

Dites-moi, où sont passés tout le monde ?

Raoul le regarda, surpris avant de lui répondre:

Mais messire, c'est le grand jour ! Le baptême des deux jumeaux Wayne !! Vous m'avez tout de même pas oublié ?!!

Doux Jésus ! s'écria Ascagne. Cela m'est complètement sorti de la tête ! Quel malheureux ne fais-je pas !

Ascagne sortit du domaine à toutes jambes et courut aux écuries. Enfourchant Brego, il partit en direction de la ville.

Pourvu que je ne sois pas trop en retard !

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Ascagne se réveilla dès potron-minet. Après une rapide toilette, il s'habilla et alla à son notaire. Il trempa une plume dans l'encrier et commenca à écrire. Les mots se succédaient sous le bec fin.

Dans l'âtre, le feu est rouge,
Sous le toit, il y a un lit ;
Mais nos pieds ne sont pas encore las,
Nous pouvons encore rencontrer derrière le tournant
Un arbre soudain ou une pierre levée
Que nul autre n'a vus que nous seuls.
Arbre, fleur, feuille, herbe,
Qu'ils passent ! Qu'ils passent !
Colline et eau sous le ciel,
Passons-les ! Passons-les !

Encore derrière le tournant peut attendre
Une nouvelle route ou une porte secrète,
Et, bien que nous les passions aujourd'hui,
Demain, nous pouvons revenir par ici
Et prendre les sentiers cachés qui courent
Vers la lune ou vers le soleil.
Pomme, épine, noix et prunelle,
Laissons-les ! Laissons-les !
Sable et pierre, étang et combe,
Adieu ! Adieu !

La maison est derrière, le monde est devant,
Et il y a bien des chemins à parcourir
A travers les ombres jusqu'à l'orée de la nuit,
Jusqu'à ce que les étoiles soient toutes allumées.
Alors, monde derrière et maison devant,
Nous reviendrons vers la maison et le lit.
Brume et crépuscule, nuage et ombre,
S'évanouiront ! S'évanouiront !
Feu et lampe, et viande et pain,
Et puis au lit ! Et puis au lit !

Content, Ascagne se releva, s'étira. Les maîtres seraient peut-être réveillé maintenant.

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Ascagne rentra tard au domaine. Fatigué, il monta et alla se coucher. Il pensait au procès du petit Marc et de son père qui allait se dérouler le lendemain. Qu'allait-il advenir du fils et de son paternel ? Ascagne préférait ne plus y penser. Puis il s'endormit dans un profond sommeil sans rêve.

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Ascagne était assis sur la chaise de l'écritoire à composer quelques vers sur un coins d'une feuille quand il entendit le cri d'un corbeau noir dehors. Le cri se rapprochait et l'oiseau s'enfilla dans le chambre par l'embrasure de la fenêtre restée ouverte. Le corbeau avait un papier attaché à sa patte. Ascagne eut toutes les peines du monde à défaire le morceau de parchemin du corbeau qui se débattait. La papier dans le mains d'Ascagne, le corbeau sortit et manqua de se cogner dans la vitre.

Ascagne déroula le parchemin et le parcourut. Il dut le relire deux fois pour bien comprendre la signification de son contenu.

Citation :: messire l'étranger, vous n'êtes pas le bienvenu parmi nous aut!
surtout que vous fréquentez déjà la noblesse alors que nous aut pauv nous crèvons d'la faim sur les routes et sommes jamais acceptés par les nobliaux.
j'aime pa les étrangers, j'vous aime pas et j'vous f'rai tâter de mon bâton à not prochaine rencontre!
Vous ne me connaissez pas ma j'vous connois moi! et ça m'suffit pour savoir que vous êt un sale étranger qui bouffe not pain.

Ascagne était rouge de colère. Il sortit rapidement. Il se rendait au bureau de police.

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Ascagne se réveilla fatigué. Après un bon bain, il enfila ses habits et alla à la fenêtre. Il repensait toujours à l'incident de hier qui avait faille tourner au vinaigre.

Le mécréant ! Il va encore entendre parler de moi, celui-là !

Puis son regarda se porta sur Aldran, entraîné par Manon derrière quelque buisson touffu. Les deux amants s'embrassaient tendrement sous le regard amusé du Lombard.

Et bien, on ne peut pas dire qu'ils s'embêtent, les deux.

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Ascagne allait s'en retourner quand il aperçut Manon porter la main à un panier d'osier. Le dit panier semblait rempli de victuailles et le Lombard n'avait encore rien mangé de la matinée.

Non, ce n'est point poli de faire ca.

Après un moment d'hésitation...

Après tout, un Lombard affamé n'est pas moins à plaindre qu'un autre !

Ascagne ouvrit la fenêtre et lança en direction des jeunes tourtereaux:

Hé ho ! Le lard est-il assez assaisonné ?

Aldran entendit quelqu'un brailler à l'une des fenêtres du manoir. Il mit un petit temps avant de reconnaitre l'individu et d'enregistrer ce qu'il demandait. Il lâcha Manon et hurla à Ascagne:

Ascagne mon ami, désolé, mais j'ai bien l'intention de manger ce saucisson à moi tout seul! Si tu en veux, viens le chercher toi-même, mais il te faudra le prendre à mes doigts morts et refroidis!

Et il disparu derrière une haie accompagné de Manon, et tenant le panier bien en évidence.

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Ascagne rit à gorge déployée.

Ha ha ha ! Jeune coquin, va ! Va donc manger ton saucisson derrière les buissons ! ha ha ha...

Ascagne regarda encore un instant les deux amoureux s'enlacer tendrement. Il repensa soudainement au temps passé en son domaine à courir dans les champs de blé avec ...
Puis son visage devint sombre. Il détourna son regard de la fenêtre et alla s'assoir à l'écritoir. Le bec fin de la plume gratta sur le papier encore vierge.

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Ascagne rentrait du village où il était allé chercher deux morceaux de viande, du porc. Après les avoir apportés aux cuisines pour que Marine les mette de côté, il monta dans sa chambre. Il alla à la fenêtre et regarda les immenses jardins du domaine qui, à cette période de l'année, étaient à l'apogée de leur beauté. Ascagne alla s'asseoir à son bureau et prit un livre qui se trouvait entre un encrier et une plume. L'ouvrage était un recueil de poésie de Cicéron.

Le premier de couverture tourné, Ascagne commença sa lecture. Mais il fut interrompu. Quelqu'un frappa à la porte.

Ascagne, c'est Aldran, j'ai à te parler.

Aldran attendit que son ami l'invite à entrer.

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Ascagne se leva de sa chaise. Il alla ouvrir la porte.

Aldran, mon ami. Que fais-tu donc ici ? Mais je suis fort peu poli ! Entre seulement.

Ascagne laissa entre le jardinier dans sa chambre puis referma la porte.

Alors, quel bon vent t'amène ?

Mon cher Ascagne, j'aurai une requête à te soumettre.

Voilà, je me suis depuis peu enrôlé dans l'armée orléanaise, ce qui signifie que je ne serais plus aussi présent qu'avant. Afin que le jardin ne reste pas à l'abandon durant mes absences, j'aurais souhaité nommer un remplaçant, j'en ai déjà parler ave Bruce, et il m'a donné carte blanche.
J'avais pensé au petit Marc, Bruce m'a signifié qu'il était sous ta tutelle et je pensais judicieux de te demander d'abord l'autorisation avant d'entreprendre quoi que ce soit.

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Ascagne parut réfléchir un instant.

Ma fois, je n'y vois aucun inconvénient. Marc doit être au village en ce moment. Je vais aller le chercher cet après-midi. Tu pourras donc lui montrer les ficelles du métier.

Je te sers quelque chose ?

Ascagne alla ouvrit un tiroir d'une petite table et en sortir une bouteille.

Je suis allé en chercher quelques unes dans le cellier. Mais chut !
Je ne voudrais pas que ma petite réserve personnelle vienne à être découverte par les maîtres de maison. Surtout par Marine.

Le Lombard servit un verre à son ami et tous deux trinquèrent.

Alors ? Toujours avec la p'tite Manon ? lança Ascagne souriant.

Aldran prit une gorgée de vin avant de répondre:

Eh bien je ne vais te cacher que tout va pour le mieux en ce moment.
Cependant, je ne lui ai pas encore dit pour mon enrôlement, et je suis quasiment certain qu'elle va mal le prendre.

Mais je compte bien lui faire passer la pillule en lui demandant de m'épouser!

Aldran sourit et attendit la réaction du Lombard qui avait déjà une bouche bée à l'annonce de la nouvelle.

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Ascagne faillit s'étouffer lorsque son ami lui annonça qu'il comptait épouser Manon.

Bien, bien. C'est bien. Je me réjoui déjà du mariage et de la fête !
Mais dis-moi, le consentement des parents ? Comment vas-tu t'y prendre ?

A la mine que fit Aldran, Ascagne répliqua:

Oui, oui, je connais les petits soucis que tu as eu avec eux. Surtout avec Marine.

Le Lombard esquissa un petit sourire au coin des lèvres.

Ascagne avait bien compris la moue d'Aldran:

Pour tout te dire, je ne sais pas si je vais oser leur en parler, je vais plutôt organiser quelque chose de secret, très intime.
Raoul et Marine me détestent, si jamais j'ai le malheur de croiser l'un ou l'autre, c'est un déchainement de reagrds noir, d'air pincé, de soupirs exaspérés. Si Marine me prend dans la cuisine, elle me jette dehors à grand coup de poêle ou de rouleau à pâtisserie.

Ascagne mon ami, j'ai honte de te l'avouer, mais j'ai vraiment peur des parents de Manon...

Aldran était honteux d'être aussi lâche, mais quiconque aurait affronté Marine dans un combat de poêle aurait eu peur d'eux...

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Ascagne écouta Aldran en grimaçant quelques fois.

Je ne sais pas si c'est la meilleure des chose que de faire dans le feutré. Mais d'un autre côté... Enfin, du peu que je connaisse Marine, je te comprends tout à fait. Il m'est arrivé une deux fois de m'être attiré ses foudres. Mais je crois qu'elle n'ose pas trop être méprisante avec moi. Je dirais qu'elle a même plutôt peur de moi. Va savoir pourquoi ! Est-ce que les Lombards font peur aux vieilles mégères françoises ?

Ascagne et Aldran rièrent de bon coeur. Peut-être le verre de vin facilitait l'esprit humoristique.

Bon et bien je ne vais pas trop tarder et y aller. Je rentrerai dans la soirée. Je dois encore passer chez Isadam pour récupérer ma chemise.

Au plaisir, Aldran.

Ascagne ouvrit la porte à son ami et le suivit tout en prenant soin de refermer d'un tour de clef.

Nombre de messages : 80 Date d'inscription : 05/02/2007

Ascagne entra, suivi de Marc.

Et voilà ma chambre. Je vais demander à Bruce pour que l'on te donne une chambre pour toi à cet étage. Sinon, on installera un lit, là, à côté du mien.

Marc entendit les paroles d'Ascagne mais ne dut pas les écouter. Le garçon était toujours sous l'emprise de l'émerveillement. Il parcourait avidement la pièce du regard. Quand son regard s'arrêta sur le lit du Lombard.

Nombre de messages : 15 Date d'inscription : 03/03/2007

Quand Marc entra dans la chambre d'Ascagne, son regard alla du lit à baldaquin à la petite console en bois précieux de thuya. Les rideaux aux fenêtre étaient ornés de motifs châtoyants, virant sur l'or vers le bas du tissu. Sur un écritoire, était un gros livre à côté duquel se trouvaient plumes et encrier. Mais la chose qui fascina tout de suite le jeune garçon fut l'épée dans son fourreau de cuir épais qu'Ascagne avait laissé sur le lit.
Marc s'approcha, prit l'arme et la souleva, non sans peine.

C'est une vrai ?

Puis Marc la sortit de son fourreau. La main serrant la garde, il se tenta à quelques mouvements qui s'avérèrent plus comiques que voulus.

Nombre de messages : 80 Date d'inscription : 05/02/2007

Le Lombard sourit devant ce spectacle. Marc était drôle, tentant de manier la lame à la façon d'un preux chevalier.

Oui, oui. C'est une vrai et tranchante !

Ascagne porta ensuite son regard sur les vêtements de l'enfants. Ceux-ci démontraient une pauvreté réelle et semblaient ne pas avoir été lavés depuis un moment.

Approche.

Marc reposa l'épée et s'approcha du Lombard. Ascagne le prit par l'épaule, le retourna et jugea.

Ouais... Il va te falloir d’autres habits. Allons faire un tour au village. Adela saura sûrement de vêtir.

» 17/09/1455 Chambre de Manon et Aldran