Aldran entra dans la salle d'arme, il avait besoin de se défouler, sa rencontre avec Manon l'avait boulversé, et il devait relâcher la pression.
Aussi loin que remontaient ses souvenirs, Aldran n'avait tenu une épée qu'une seule fois dans sa vie. Et il n'avait jamais pu s'entraîner avec.
Il prit l'une des lames qui étaient suspendues au murs, et commença quelques passes basiques. Puis, au bout de quelques minutes, ses gestes se firent plus assurés, plus précis, plus rapides.
Aldran se souvenait. Il se souvenait de ce jour funeste où tout ce qui restait de sa famille fut massacré par des bandits de grand chemin. Les souvenirs de son frère et de sa soeur lui revinrent en mémoire, Aldor, son frère aînée, mort avant même d'avoir compris qu'ils étaient attaqués. Et Maldra, égorgée par l'un des brigands, sous les yeux d'Aldran.
Il continuait de frapper d'estoc et de taille dans le vide, feintant et contrant un ennemi invisible. Et les souvenirs continuaient de se bousculer dans sa mémoire.
Après le mort de son frère et de sa soeur, assasinés sous ses yeux, il avait senti la haine se exploser dans son cerveau, se répandre dans ses membres et bander ses muscles, à treize ans, Aldran avait commis l'impossible. Il s'était jeté sur le premier assaillant, le faisant rouler à terre, et lui avait subtilisé son épée, et bien qu'elle fût trop lourde pour lui, il la souleva au-dessus de son ennemi, et la laissa retomber avec toute la force dont il était capable. Le crâne du brigand avait littéralement explosé sous la violence du choc, aspergeant Aldran de sang et de cervelle, le jeune garçon qu'il était à l'époque en avait été traumatisé. Aujourd'hui, Aldran redécouvrait ces moments qu'il avait oublié, la souffrance de perdre sa famille le submergeait à nouveau.
Ses mouvements devenaient plus violent, il frappait maintenant avec force dans le vide.
Après avoir tué le premier brigand, il s'était retourné vers les autres, encore sous le choc de la mort de leur compagnon, et il n'avait pas hésité, il avait couru dans leur direction, l'épée brandit, un rictus de haine déformant son visage enfantin. Au total de la demi douzaine de bandit qui les avaient agressé, seul deux purent s'enfuir sains et saufs, tous les autres moururent sous les coups dévastateurs d'Aldran. Dans sa course, Aldran embrocha le premier, et attrapant au passage le couteau du brigand, il l'avait lancé de toute ses forces vers un autre agresseur, qui s'était effondré,crachant un flot de sang, l'arme profondément enfoncé dans la gorge. Alors que deux des bandits penaient la fuite, un dernier lui faisait face, un sourire grimaçant sur les lèvres, découvrant des dents jaunes et pourries. Mais Aldran était aveuglé par le douleur et la haine, il ne donna aucune chance à son ennemi, d'un moulinet il lui trancha la jambe au niveau du genou, et une fois l'homme à terre, il le toisa, et brandit une fois de plus son épée, justeavant d'abattre son arme, il cru discerner un pitoyable: Pitié!Derrière son écran de colère, mais il n'y prêta pas attention, et trancha net la tête de l'assasin, qui roula sur quelques mètres. Puis il tomba à genou, pleurant à chaudes larmes, toute haine l'avait maitenant abandonnée, il ne restait plus que la tristesse, et l'horreur de ce qu'il avait fait, il n'avait eu aucune pitié, aucun scrupules.
Plus tard, il enterra les cadavres de son frère et de sa soeur, sur le bord de la route, laissant ceux des brigands aux bons soins des rapaces. Il avait abandonné l'épée, la plantant ente les deux tombes.
Puis il s'était remis en route, ne pouvant supporter de rester plus longtemps dans ce lieu de mort et de violence.
Alors qu'il se remémorait ses souvenirs, Aldran avait reproduit tous les mouvements du combat, sans même s'en rendre compte. Il tomba à genoux, laissant alle un chagrin qui n'avait ps vu le jour depuis maintes longues années. Il pleura, toutes les larmes de son corps, se vidant une dernière fois de sa peine...