L'intendant des jardins au travail

Aldran s'était levé assez tôt aujourd'hui, il avait beaucoup à faire. Avec l'arrivée du printemps, les jardins étaient à surveillez de près, car le moindre mauvais traitement pouvais leur infliger les pires blessures.
Sortant de la masure des domestiques, il s'arma d'une cisaille et d'une faucille, ainsi que de gants de cuir épais.
Dehors, le soleil se levait à peine, mais Aldran su tout de suite que la journée serait magnifique, pas un seul nuage à l'horizon!
Il se dirigea en sifflotant vers les jardins, l'air était agréable, une légère brise fraîche parcouraient les allées de hêtres, de chênes, de peupliers. Aldran était toujours heureux d'aller travailler, alors s'il faisait beau en plus, il ne pouvait qu'en être plus heureux.

La seule chose qu'il déplorait, c'était le fait qu'il ne voyait pas beaucoup Manon, elle avait beaucoup de travail, ne serait-ce que pour entretenir le domaine, mais aussi pour s'occuper des jumeaux! Ces deux petits diables étaient de vraies tornades! Et Manon revenait souvent épuisée de sa journée de gardiennage, elle s'endormait dès qu'elle s'asseyait et Aldran avait bien du mal à la tenir éveillée, même pour discuter.
Il aurait tellement voulu avoir Manon pour lui tout seul, au moins une journée! Ranimer la flamme si vite éteinte dans ses yeux, il ne voulait pas la perdre, pas après tout ce qu'il avait fait pour rester auprès d'elle...

Manon était désolée de ne pas pouvoir passer plus de temps avec Aldran. Le travail au Manoir auprès des jumeaux Wayne lui prenait tout son temps.
Mais aujourd'hui, elle était libre. Dame Cyberladey lui avait donné sa journée, souhaitant passer elle-même un peu de temps avec ses petits anges.

Manon descendit à l'entrée du Manoir, et huma l'air frais du matin. La journée s'annoçait très belle.Elle tenait à la main un panier remplit des victuailles que sa mère n'avait pas rangées la veille au soir.De quoi faire un bob déjeuner sur l'herbe!
Elle prit le chemin du parc, bien décidée à trouver Aldran, et à passer avec lui le reste de la journée.

Aldran taillait les haies quand la brise du matin lui apporta un doux parfum, depuis quelques temps, il avait appris à reconnaître chaque plante, chaque arbre, aussi bien par leur apparence que par leur parfum, et celui qu'il sentait ne provenait d'aucune fleur du jardin, il en aurait mis sa main à couper!
Oui, ce parfum, il le connaissait, pour l'avoir humé tant de fois, cela avait été le premier qu'il avait sentit à son arrivée au domaine, et il espérait ne jamais l'oublier! C'était celui celle qu'il chérissait, celle pour qui il aurait décroché les étoiles et la lune...Manon!
Mais il était étonnant qu'elle se promène dans le jardin à cette heure-ci, peut-être faisait-elle prendre l'air aux jumeaux?
Elle n'était pas encore en vue, Aldran décida d'aller à sa rencontre, sous le beau soleil d'avril!

Manon se sentait légère, le printemps était bien là, et cette journée allait être belle.
Le parc était splendide, la floraison des cerisiers touchait à sa fin, et l'herbe était jonchée de pétales blancs. Cela formait comme un tapis où il aurait été agréable de se poser un moment.
Une haie à hauteur d'homme se dressait devant elle. Le silence du matin était juste troublé par le cliquetis des outils d'Aldran.
Tout à coup, ce bruit cessa....Il avait du l'entendre arriver. Elle s'immobilisa, restant à l'abri de la haie, le coeur battant la chamade. Sa pensée hésitait entre l'envie enfantine de lui faire la surprise, et le désir si féminin de se blottir enfin dans ses bras.
Elle posa ses victuailles à l'ombre des arbustes, retira ses chausses pour faire moins de bruit, et contourna la haie à l'opposé d' Aldran. Le sourire aux lèvres, elle s'approcha de lui par derrière, se hissa sur la pointe des pieds et posa ses deux mains sur ses yeux

Hola, Messire, devine qui est là?

Aldran sourit, le contact des mains de Manon sur sa peau lui fit bondir le coeur dans la poitrine, mais il se ressaisit.

Grand-mère c'est toi?? J'ai bien reconnu tes mains toutes frippées!

Manon retira ses mains, et il se retourna pour faire face à une moue interloquée et véxée.

Il éclata de rire et prit Manon dans ses bras, il la souleva de terre et l'embrassa fougueusement.
Il plongea sa tête dans la longue chevelure de la servante, s'enivrant de son parfum qu'il aimait tant.

Manon s'attendait à tout, sauf à cette pirouette! La confondre avec une grand mère!! quel rustre!
Elle pinça les levres pour montrer sa désapprobation, mais ne resista pas longtemps à l'etreinte de l'homme qui occupait toutes ses pensées.

Oh, comme tu m'as manqué! Tu sais, aujourd'hui, je suis libre comme le vent! Pas de jumeaux, pas de cuisine, et j'ai apporté de quoi manger sur l'herbe.

Elle lui prit la main, et l'entraina derrière la haie pour lui devoiler le contenu de son panier.

Mais, je ne sais pas si je peux, je dois travailler...

Aldran hésita, mais après avoir étudier la situation, le jeu en valait bien la chandelle! Tant pis pour les haies, elles attendraient demain.

Je te suis mon amour, allons pic-niquer!

Il tint fermement la main de Manon, decidé à ne pas la lâcher de sitôt.

L'air sentait bon les odeurs de printemps, et Manon se sentait si légère...
Elle attrapa son panier au passage, et serrant dans sa main celle d'Aldran, elle l'entraina au coeur d'une clairière.
Là, un banc de bois semblait les attendre. Elle posa son panier, et entoura de ses bras le cou de son amoureux.

Embrasse-moi, j'ai si peu l'occasion de te voir! Je t'ai juste apercu l'autre jour. Le jour où cette femme est venue pour voir Axel....
Hum, tu vas rester au domaine avec moi, dis?

Soudain inquiète, elle leva les yeux vers Aldran

Aldran fut surpris par la question de Manon, et encore plus de lire de l'inquiétude dans ses yeux. Il n'avait pas l'intention de partir, et il ne comprenait pas ce qui pouvait faire croire à la servante que ce n'était pas le cas. Il la serra plus fort contre lui et l'embrassa tendrement. Ses yeux plongés dans les siens. Même s'il n'en avait plus parler, Aldran n'oubliait pas qu'il avait décidé d'épouser Manon, il n'y avait donc aucune raison qu'il s'en aille. Il inspira profondément et sourit à la belle jeune femme, et lui murmura enfin:

Jamais je ne t'abandonnerai, tu as ma parole, mon amour.

Puis il reprit d'une voix plus forte:

Et si nous nous installions? C'est que je commence à avoir faim moi!

Bercée par les paroles rassurantes d'Aldran, Manon retrouva vite le sourire.

Oui, tu as raison, installons nous. J'ai apporté plein de bonnes choses

Elle sortit du panier des terrines, des volailles grillées, de grandes tranches de pain bis, et des fruits brillants et bien murs.

Sers-toi mon amour, j'ai envie que nous profitions de cette journée. Que dirais-tu d'une promenade ensuite? Nous pourrions aller près du grand chemin. J'ai entendu dire que la Duchesse passera par là au coucher du soleil pour rejoindre son auberge

Elle devint songeuse, laissant son regard errer sur la campagne.

J'aimerai bien voir un jour une duchesse pour de vrai....

Aldran buvait les paroles de sa belle, lui non plus n'avait jamais vu de duchesse, bien qu'il doutait que cela soit très différent de nimporte quel autre noble. Assis dans l'herbe, il dégustait les mets qu'avait rapportés Manon, il gardait toujours la main posé sur la sienne, décidé à ne pas la lâcher. Il faisait très beau, et le chaud soleil de midi tapait de ses rayons.

Tu veux voir une duchesse? Mais regarde toi dans un miroir! Je vois une duchesse en ce moment même, sous mes yeux, et elle est belle, plus belle que nimporte laquelle des reines. J'ai le grand honneur de pouvoir contempler chaque jour la pureté incarnée, la beauté faite femme.

Il l'embrassa.

Tu sais, j'ai toujours appris à me contenter de ce qu'on me donnait, ou de ce que j'arrivais à obtenir, rien ne sert de vouloir décrocher les étoiles quand on peu simplement les contempler. La vie nous donne ce que nous devons avoir, et moi, je t'ai eu toi, et je compte bien te garder, jusqu'à la fin de mes jours si c'est possible.

Il la serra très fort contre lui.

Manon buvait ses paroles. Jamais personne ne lui avait parlé ainsi....Elle sentait la chaleur des doigts d' Aldran sur sa main.
Le rouge lui montait au joues tandis qu'elle savourait les compliments à peine déguisés

Elle baissa les yeux un instant, puis, bravement, se redressa, et posa un baiser furtif sur la bouche de son amoureux.

Moi aussi, je veux que tu me gardes....pour toujours !

Ils finirent tranquillement le panier, prenant leur temps, se murmurant des mots doux, s'embrassant parfois. Une fois repu, Aldran s'allongea dans l'herbe, Manon vint poser sa tête sur sa poitrine, Dans le silence apaisant du début d'après-midi, l'intendant des parcs se laissait bercé par la respiration posée de sa belle. Dans le ciel, quelques nuages épars tentaient vainement de couvrir le bleu du ciel. La bombance, ainsi que son sentiment de bien-être firent sombrer Aldran dans un sommeil agréable, toujours régulé par la respiration de Manon, qui visiblement elle aussi s'était assoupie. Avant de sombrer dans l'inconscient, Aldran pensa: La ballade attendra...

Un souffle d'air plus frais la fit frissonner. Son esprit encore embrumé avait du mal à identifier là où elle était.
Ce qui était certain, c'est qu'elle était bien, vraiment bien, et qu'elle n'avait pas du tout envie de bouger.
Elle lutta un peu pour ne pas ouvrir les yeux de suite, mais la luminosité eut raison de sa résolution.
C'est lui qu'elle vit d'abord, ses yeux penchés sur elle, son regard plongé dans le sien. Elle sourit doucement

Je crois que je me suis endormie. Je suis si bien dans tes bras. J'ai oublié tout le reste. Heureusement que je n'ai plus de travail aujourd'hui. Tu as dormi aussi? Ne dis pas non, je le vois à tes yeux!!

Elle se releva gaiement, faisant voler ses longs cheveux autour d'elle. Elle ota de sa robe quelques brins d'herbe qui restaient piqués. Puis croisa les bras et attendit qu'Aldran se releve, lui qui paressait encore dans l'herbe fraiche

Aldran se décida enfin à se relevé, il ne pouvait se retenir de sourire de toutes ses dents, il était si bien avec Manon! Il regarda la course du soleil et constata qu'ils avaient dormi pas loin de deux heures! Il était grand temps de bouger, Aldran comptait bien conclure par la ballade dans le parc. Il se mit debout et aida Manon à en faire autant. Il ramassèrent les restes de nourriture et la nappe du pic-nique.

Tu voulais faire une ballade n'est-ce pas?

La jeune femme approuva.

Bien, alors c'est parti!

Il pris la main de Manon, et alors qu'elle allait se mettre en marche, il la stoppa dans son élan, et l'embrassa fougueusement, la serrant fort contre lui. Puis il se mit à rire, il ne savait pourquoi, mais il se sentais étrangement léger, et heureux, vraiment très heureux.
Ils firent le tour du parc, passant devant la vieille porte qu'ils avaient ouvert l'autre fois, avec Alfred et Raoul.
Ils explorèrent les recoins des jardins, riants, s'embrassant, tout en ne se lâchant pas la main.

Quand le soleil commença à rougir à l'horizon, et que petit à petit la nuit prenait le pas sur le jour, Manon attira Aldran jusqu'à la cascade.
Le bruit clair de l'eau, la fraicheur ambiante, la nuit tombante, tout était fait pour que cet endroit soit romantique, Aldran comprenait maintenant pourquoi les époux Wayne appréciaient tant ce lieu.
Là, ils parlèrent, de tout et de rien, de promesses d'amour éternel.
Quand il fit trop sombre pour qu'Aldran puisse distinguer le visage de la servante, il décidèrent de retourner au manoir.
Aldran raccompagna sa belle jusque devant l'entrée, lui donnant un dernier baiser, et lui souhaitant une bonne nuit.
Puis il retourna dans le jardins, récupérer ses outils, ils les rangea dans la remise, et retrouna dans sa masure.
Il s'allongea sur son lit de paille, et il pensa à la journée qu'il avait passé, la meilleure depuis bien longtemps!
Puis, tendrement, il s'assoupit, le visage de Manon toujours imprimé dans son esprit...

» Les jardins...
» Dans les jardins.
» 01/01/1455- Travail matinal
» 02/03/1455- Bruce Wayne au travail